La santé mentale des élèves est devenue un enjeu majeur pour l’Éducation nationale. Elle englobe leur bien-être émotionnel, psychologique et social et influence leur capacité à apprendre, à interagir avec les autres et à gérer les défis de la vie quotidienne.
Les CPE jouent un rôle crucial dans le bien-être et la réussite des élèves. Leur mission ne se limite pas à la gestion de la vie scolaire ou à la discipline, mais s'étend également à l'accompagnement des élèves sur le plan émotionnel et psychologique.
Un constat inquiétant : la dégradation continue de la santé mentale des jeunes
Les études récentes montrent une dégradation significative de la santé mentale des jeunes avec une nette augmentation des états de stress, troubles anxieux-dépressifs, du comportement, des conduites alimentaires... Ces difficultés ont un impact significatif sur leur bien-être et leur réussite scolaire (PSSM France - Dossier spécial : la Santé mentale des jeunes - 2024).
https://www.pssmfrance.fr/dossier-special-la-sante-mentale-des-jeunes/
Les recours aux soins d’urgence pour troubles de l’humeur, idées et gestes suicidaires ont fortement augmenté entre 2021 et 2022, et cette tendance se poursuit en 2023. Les jeunes de 18 à 24 ans sont particulièrement touchés, avec une hausse marquée des pensées suicidaires depuis 2014. (Santé publique France - Santé mentale et bien-être des adolescents : publication d’une enquête menée auprès de collégiens et lycéens en France hexagonale - 2024).
L'enquête nationale EnCLASS, menée auprès de collégiens et lycéens en 2024, révèle que 14 % des collégiens et 15 % des lycéens présentent un risque important de dépression. Cette dégradation est plus marquée chez les jeunes filles, creusant l’écart garçons-filles déjà observé auparavant. Un quart des élèves interrogés déclarent avoir éprouvé un sentiment de solitude au cours des 12 derniers mois (Ameli.fr – Étude EnCLASS : dégradation de la santé mentale des jeunes entre 2018 et 2022 - 2024).
Les consultations chez un psychiatre ou un psychologue chez les 18-24 ans ont augmenté de plus de 50 % entre 2019 et 2022. Les prescriptions de psychotropes chez les jeunes ont fait un bond de 48 % pour les antipsychotiques et de 62 % pour les antidépresseurs entre 2014 et 2021 (Conseil de l’Enfance et de l’Adolescence - L’aide et le soin aux enfants et adolescents en pédopsychiatrie et santé mentale - 2025)
https://www.hcfea.fr/spip.php?rubrique31
Face à cette situation, le gouvernement a fait de la santé mentale la Grande cause nationale pour l’année 2025 avec 4 objectifs prioritaires :
- Renforcer la prévention et la promotion de la santé mentale dès le plus jeune âge.
- Améliorer l’accès aux soins et la prise en charge des troubles mentaux.
- Lutter contre la stigmatisation et les discriminations liées aux troubles mentaux.
- Soutenir la recherche et l’innovation en santé mentale
Il a également mis en place le dispositif Mon Soutien Psy permettant aux jeunes élèves de bénéficier de 12 séances de soutien psychologique par an sans prescription préalable :
https://www.1jeune1solution.gouv.fr/articles/consultations-psy-gratuites
Différents facteurs ont contribué à cette dégradation de la santé mentale des jeunes. La pandémie de Covid-19 et son confinement, les conflits armés, les attentats, la crise climatique, la pression scolaire, celle des réseaux sociaux, l’hyper connexion voire l’addiction aux écrans, des environnements familiaux difficiles, etc. Autant de défis auxquels les jeunes sont confrontés. Ces facteurs augmentent leur vulnérabilité et peuvent conduire à des manifestations d’anxiété, de dépression ou de conduites suicidaires.
Le Rôle des CPE en faveur de la santé mentale :
Les CPE sont des acteurs clés dans la promotion de la santé mentale des élèves. Leur engagement, leur expertise sont indispensables pour favoriser un climat scolaire propice au bien-être et à la réussite de chacun, où les élèves se sentent en sécurité et soutenus. Les CPE sont en bonne position pour identifier (avec l’équipe d’AED) les comportements à risque et intervenir pour prévenir les situations de crise.
Depuis la rentrée scolaire 2023, un protocole de santé mentale pour les élèves a été mis en place par l’institution scolaire. Il vise à faciliter le repérage et la prise en charge des élèves en situation de souffrance psychique. Décliné en plusieurs étapes, il inclut le repérage des signes de détresse et l'orientation vers des professionnels de santé. Ces ressources offrent un cadre complet pour aborder la santé mentale des élèves, en combinant des outils pédagogiques, des partenariats avec des professionnels de santé, et des démarches institutionnelles pour promouvoir le bien-être et la santé mentale dans les établissements scolaires.
https://eduscol.education.fr/4063/agir-pour-favoriser-la-sante-mentale-et-le-bien-etre-des-eleves
Repérer :
Détecter les signes de détresse psychologique chez les élèves nécessite une vigilance constante et une collaboration avec l’ensemble de la communauté éducative (vie scolaire, enseignants, personnels médicaux-sociaux, familles...)
Les signaux d’alerte :
Signes comportementaux : Signes physiques : Signes émotionnels : Prises de risques : |
https://eduscol.education.fr/1013/enfants-en-danger-comment-les-reperer-que-faire
Accompagner et orienter :
En offrant une écoute active et un soutien individuel aux élèves en difficulté, les CPE les aident à exprimer leurs préoccupations, les conseillent et les orientent vers les ressources appropriées. Ils travaillent en étroite collaboration avec les personnels médicaux-sociaux (notamment infirmière), les Psy-EN, ainsi qu’avec des partenaires institutionnels pour offrir un soutien global et coordonné.
Les infirmières scolaires peuvent être les premières à repérer les signes de détresse psychologique et orienter les élèves vers des ressources appropriées.
Les Psy-EN jouent un rôle clé dans l'évaluation et le soutien des élèves en difficulté. Ils peuvent offrir des consultations individuelles et des interventions de groupe.
Sensibilisation et formation de la communauté éducative
Le CPE ne travaille pas seul. La mobilisation doit être collective autour des enjeux de santé mentale et les moyens de la préserver, pour garantir un environnement scolaire sain et épanouissant pour tous les élèves.
https://www.education.gouv.fr/bien-etre-et-sante-des-eleves-12323
Il est donc important de partager les compétences avec les enseignants afin de faire face à ces nouveaux enjeux pour mieux repérer, intervenir de manière appropriée et orienter les élèves vers les ressources d'aide. De même il est primordial de sensibiliser les parents aux enjeux de la santé mentale et leur donner des outils pour soutenir leurs enfants (réunions d’information, entretiens individuels…) et de les impliquer.
La qualité du climat scolaire est essentielle. Un environnement global soutenant, bienveillant et inclusif favorisera des relations positives entre les élèves, les enseignants et le personnel éducatif. Il renforcera la solidarité entre élèves, tout en réduisant la stigmatisation associée aux troubles mentaux et en encourageant les élèves à demander de l'aide.
https://www.education.gouv.fr/climat-scolaire-et-prevention-des-violences-11918
https://eduscol.education.fr/976/une-ecole-engagee-en-faveur-du-climat-scolaire
Le Programme PHarE de prévention et de gestion du Harcèlement participe aussi àprotéger les élèves et promouvoir le respect mutuel.
PHARE: le programme de lutte contre le harcèlement | CPE et Vie scolaire
Des actions pour promouvoir le bien-être et la santé mentale
Développer les compétences psychosociales :
L’acquisition de compétences psychosociales (CPS) est un levier incontournable pour préserver et favoriser le bien-être et la réussite des élèves. Ces dernières incluent des capacités telles que la gestion des émotions, la résolution de problèmes, la communication efficace, et la capacité à établir et maintenir des relations positives. Initialement intégrées au Programme Unplugged en collège comme outil de prévention des conduites addictives en milieu scolaire (Plugged en lycée), elles participent de façon globale au bien-être et à la bonne santé mentale des élèves.
https://otcra.fr/outils/college/unplugged/https://www.drogues.gouv.fr/lessentiel-sur-le-renforcement-des-competences-psychosociales-pour-une-prevention-efficace-lecole
Sensibiliser aux Réseaux Sociaux :
En éduquant les élèves aux risques liés réseaux sociaux (cyberharcèlement, impact sur l’estime de soi…) et à une utilisation responsable, ils développent des compétences en prise de décision et en gestion des risques.
Mettre en place le mentorat au lycée :
Des programmes où des élèves plus âgés ou des adultes volontaires accompagnent les jeunes en difficulté favorise des relations positives grâce au soutien personnalisé, et renforce les compétences interpersonnelles des élèves.
Favoriser les activités Physiques et Créatives :
La participation à des activités physiques et artistiques est bénéfique pour la santé mentale et le bien-être général, particulièrement dans les établissements pourvus d’un internant.
Soutenir la création de clubs et d’associations participe ainsi à la santé mentale des élèves en leur permettant de développer leurs intérêts et de s’engager dans des activités enrichissantes.
*NB : Il est possible de faire appel à des associations spécialisées pour mener ces différentes actions et/ou de collaborer avec des organisations locales de santé mentale. La liste des associations agrées est disponible sur le site du ministère de l’éducation nationale.
https://www.education.gouv.fr/les-associations-agreees-par-l-education-nationale-378984
La prise en charge de la santé mentale des élèves nécessite une approche intégrée qui combine des interventions au sein de l'institution éducative en lien avec des ressources externes. En mettant en place des équipes pluridisciplinaires, des programmes de prévention, des partenariats, il est possible de créer un environnement de soutien qui favorise le bien-être mental des élèves. Et les CPE sont au cœur de ce défi !
https://www.education.gouv.fr/agir-pour-la-sante-mentale-des-enfants-et-des-jeunes-450198
Zoom sur… L’espace de paroles du lycée Pierre Beghin :
C’est en observant le mal-être grandissant des élèves (anxiété, stress, isolement, idées suicidaires…) qu’est né ce projet. Cet état peut ne pas surprendre à l’adolescence, cependant leur nombre et leur intensité pose question.
L’idée a été de proposer aux élèves un espace d’écoute et de paroles (sans se substituer aux professionnels de la santé mentale ni aux parents). L’objectif étant d’améliorer le bien-être de l’élève et de l’aider à se tourner vers d’autres personnes.
Le groupe d’une douzaine de personnels volontaires et engagés (CPE, infirmière, enseignants) est accompagné en analyse de la pratique par une psychologue clinicienne du groupe GREC pour se former en continu et mettre à distance la charge émotionnelle liée à cette pratique.

Numéros d’urgence :
3018 : Prévention du harcèlement
119 : Enfance en danger
3114 : Prévention du suicide
Dossier coordonné par Mme Gnema Webmestre, avril 2025.